Page:Necker - Derniers conseils de M. Necker au Roi - 1789.djvu/8

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de loi, Gens d’épée, le Commerçant, le Laboureur, le Prêtre, le Moine, les Municipalités, les Diſtricts, les Départemens, l’Aſſemblée Nationale elle-même ; Barnave, Mirabeau, le Duc d’Orléans, les Jacobins, l’Évêque d’Autun, la Fayette, Robeſpierre, les Lameth, les Pauvres qui n’ont plus rien, les Riches qui n’ont plus rien, tous, oui, tous, Sire, nous ſommes Ariſtocrates ; il n’y a plus qu’un peu d’amour-propre qui nous fait garder la livrée de la révolution ; il n’y a que l’amour-propre qui nous empêche de convenir que l’ancien régime valoit mieux. On voudroit être au premier pas ; on ſent bien que la démocratie ne peut pas s’établir parmi 24 millions d’hommes ; on trouve ridicule une monarchie telle qu’on veut la compoſer ; on ſent qu’il faut de la nobleſſe, un clergé, une religion ; on ſent parfaitement que la machine des Municipalités eſt une monſtruoſité ; que l’ordre judiciaire eſt une abſurdité ; que l’ordre militaire eſt une pauvreté ; on eſt révolté de la partialité, de l’iniquité, des factions ; l’Aſſemblée ſent bien qu’elle commence à laſſer ; tous les jours il ſe fait des ariſtocrates ; il en ſort de deſſous terre, de deſſous les pavés ; il ne reſte plus que quelques tapageurs ſalariés ; la cabale du