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Page:Necker - Hommage de M. Necker a la nation françoise - 1789.pdf/5

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de ne vivre & de ne mourir déſormais que pour toi.

Et, ſi j’ai quitté un moment, le poſte auquel notre père commun m’avait appellé, ne crois pas, ſur-tout, que la crainte, ou l’oubli de la religion du nœud qui m’attachait déjà à ton ſort, ſoient entrés pour rien, dans cet acte de mon reſpect & de mon obéiſſance à la volonté du Maître auguſte qui m’en intimait l’ordre : Non, j’en jure, avec confiance, ſur l’autel ſacré de la patrie, ſi mon cœur y eût preſſenti quelque péril pour tes enfans, comme au jour du 23 juin, on m’eût vu, ſans héſiter, ne pas déſemparer, & affronter plutôt, mille fois, les poiſons & les poignards d’une cabale exécrable, que d’obtenir de moi de faire un ſeul pas en arrière ; mais raſſuré par la préſence du corps indélébile des généreux défenſeurs que mes ſoins à mes vœux avoient obtenu du ciel de raſſembler auprès du vertueux Louis XVI, & de réunir entre eux, j’avoue que je n’emportai, en me retirant, que cette douleur tendre que l’on éprouve en s’arrachant du ſein d’une famille chérie ; tant mon ame confiante était loin de ſoupçonner les horribles noirceurs que des hommes-tigres,