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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/78

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MONROSE


vendre chat en poche. Je me connais et sais trop bien que d’après mon pauvre visage, un peu disgracié, l’on pourrait supposer que le reste n’est pas plus digne de l’attention de ton sexe ; mais, vois, touche, mon amour… » Je voyais, touchais et baisais même avec un appétit inexprimable. Au plus léger mouvement qui l’assure que je vais répondre de toute mon âme à l’ardeur de son désir, elle s’élance sur le lit avec la vivacité de la plus agile danseuse de l’Opéra, m’étreint, m’enlace, frémit d’une tendre fureur et me fait partager les sublimes délices d’un moment qu’avait si bien préparé pour tous deux la magie combinée de l’illusion, du vin et de l’amour. »

Je ne voulus pas laisser remarquer au fripon certaine émotion que me faisait éprouver la chaleur de cette scène : il était très-capable de passer, sans dire gare, du récit à l’action ; je me hâtai donc de lui dire, affectant un peu de persifflage : « Si je vous demandais, monsieur, combien de fois vous vous prêtâtes à tempérer les fougueuses ardeurs de madame la baronne, vous feriez le modeste et n’oseriez vous vanter de la vérité ! Je suppose donc que, pour peu qu’il y eût de l’amour-propre sur jeu, vous voulûtes bien en user avec elle à peu près comme vous