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Pauvre vieux Chrischtkindelsmerik, qu’est-il devenu depuis tant d’années que je ne l’ai pas revu ? A-t-il gardé son cachet si original, comme au temps où ses boutiques, avec leurs fermetures relevées en auvent, s’allongeaient en files irrégulières sur la place Kléber à Strasbourg ?

Quelle joie pour nous autres gamins, quand, vers la mi-décembre, on commençait à élever les boutiques ! Les plus paresseux se levaient de bon matin pour juger, avec un sérieux de connaisseur, des progrès du travail avant d’aller en classe ; on y retournait entre une et deux heures, on y revenait à quatre. On aurait voulu aider les ouvriers pour que ce fût achevé plus vite.

Aussi, quand l’une après l’autre les boutiques ouvraient, quand les sapins des Vosges commençaient à s’entasser contre la statue de Kléber, il n’est pas de puissance au monde qui eût pu retenir à la maison un petit Strasbourgeois. La classe à peine achevée, ils s’abattaient comme une gaie volée de moineaux au Chrischtkindels-