Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/120

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Ces titres à gagner te seront très-faciles,
Pour cinq cents francs au plus on peut les accorder,
Et même pour trois cents, si tu sais marchander.
Mais l’honneur, le pouvoir, l’éclat qui t’environne
Me donnent le désir de chanter ta personne.
Ne me dédaigne pas, malgré tout ce qu’on dit,
Mes vers sauront encor te remettre en crédit.
C’est en vain qu’un poëte avait de ta cuisine
Et de ton ministère annoncé la ruine ;
Ne t’en effraye point, l’avenir incertain
Ne peut plus dévoiler les arrêts du destin :
Cependant si ton âme en eut quelque tristesse,
Je veux la ramener aux jours de ta jeunesse,
Et ranimant ton cœur, qu’un présage a glacé,
Rajeunir son espoir de l’éclat du passé.
Oui, je veux raconter ton héroïque histoire,
Je veux chanter les jours si chers à ta mémoire,
Où ton aspect saisit d’un désir amoureux
Le cœur novice encor d’une vierge aux doux yeux,
Ton démon familier y sera mis en scène,
Je dirai tes succès sur les bords de la Seine,
Et comment ton grand nom, d’un beau titre anobli,
Fut proclamé vainqueur au Château-Rivoli.

Mais aussi ta faveur doit être mon salaire ;
Mets-moi de ton écot ; je puis au ministère,