Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/14

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Qui voudrait, à son char la sentant enchaînée,
Triompher de sa chute, et rire de ses pleurs ;
Puis, sous un joug honteux, avilie, haletante,
Veuve de ses honneurs pour jamais effacés,
L’ensevelir toute expirante
Dans la poudre des temps passés.

*

Béranger, à l’aspect de la France épuisée,
Alors tu gémirais sur ta lyre brisée,
Et, comme le pouvoir ne peut te pardonner,
Il ne resterait dans nos villes
Que des serfs, pour te plaindre en regrets inutiles,
Et des tyrans pour t’enchaîner !

*

Avant ce temps cruel, dont j’aperçois l’aurore,
Avant que notre voix ne t’implore qu’en vain,
Des chants, ô poète divin !
La France t’en demande encore !
Ce noir présage alors fuira loin de nos cœurs,