Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/37

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Ô gloire ! À cet aspect de la mort ranimée,
Des preux, dont le trépas semble encor menacer,
L’ennemi dans ses rangs vient de laisser passer
Les lambeaux de la Grande Armée :
Tant qu’il reste des bras pour soutenir son poids,
La bannière voltige à l’entour de sa lance,
L’aigle triomphateur dans les airs se balance,
Et sa menace encor fait tressaillir les rois !
Ô Russes, déjà fiers des triomphes faciles
Que votre espoir s’était promis,
Il ose à vos regards surpris
Passer, toujours debout sur ses appuis mobiles ! —
Mais, hélas ! contre lui si vos efforts sont vains,
Bientôt votre climat vengera votre injure,
Rassurez-vous : celui qui vainquit les humains
Est sans pouvoir sur la nature !

V.

Eh bien ! c’en est donc fait !… Nos compagnons sont morts !
Ils dorment aux déserts de la froide Russie,
La neige des hivers sur eux s’est épaissie,
Et, comme un grand linceul, enveloppe leurs corps !
Bien peu furent sauvés : mais combien la patrie