Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/54

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Car ils n’ont pas tenu ce qu’ils avaient promis :
Par l’abdication de toute ma puissance,
Je croyais épargner des malheurs à la France ;
Mais j’eus tort seulement de compter sur leur foi,
Et le cri de mon peuple est venu jusqu’à moi :
Mon œil a vu d’ici sa profonde misère,
Ses triomphes livrés à l’envie étrangère,
Ses monumens détruits et ses champs dévastés,
La discorde, la haine agitant ses cités,
La trahison…..

LA VOIX.

Pour lui que pourrait ta faiblesse ?
Jadis il imposait la chaîne qui le blesse,
On lui rend maintenant les maux qu’on a soufferts….
Crains donc de le défendre, et laisse lui ses fers !

NAPOLÉON. (Il paraît absorbé, et réfléchit profondément)

Crainte, repos,… enfer de toute âme brûlante
Victime d’une injuste loi,
Le père des humains tourne sa vue ardente
Vers le séjour dont il fut roi ;
Il voudrait, pénétrant dans l’enceinte sacrée,
Ressaisir son pouvoir en dépit des destins :
Mais un géant veille à l’entrée,
Et la foudre luit dans ses mains.