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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/46

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jours de son mariage, une couleur d’homme intéressé, lui qui leur devait tout.

Avec cela, la compagnie du soldat n’avait rien de bien divertissant : sa bouche n’était que la cloche perpétuelle de sa gloire, laquelle était fondée moitié sur ses triomphes dans les combats singuliers qui le rendaient la terreur de l’armée, moitié sur ses prouesses contre les croquants, malheureux paysans français à qui les soldats du roi Henri faisaient la guerre pour n’avoir pu payer la taille, et qui ne paraissaient pas près de jouir de la célèbre poule au pot

Ce caractère de vanterie excessive était alors assez commun, ainsi qu’on voit par les types des Taillebras et des Capitans Matamores, reproduits sans cesse dans les pièces comiques de l’époque, et doit, je pense, être attribué à l’irruption victorieuse de la Gascogne dans Paris, à la suite du Navarrois. Ce travers s’affaiblit bientôt en s’élargissant, et, quelques années après, le baron de Fœneste en fut le portrait déjà bien adouci, mais d’un comique plus parfait, et enfin la comédie du Menteur le montra, en 1662, réduit à des proportions presque communes.