Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/349

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« 2° Les échos ne seront accordés que lorsque le président le jugera convenable.

« 3° Toute personne se présentant en état de troubler l’ordre de la soirée, l’entrée lui en sera refusée.

« 4° Toute personne qui aurait troublé l’ordre, qui, après deux avertissements dans la soirée, n’en tiendrait pas compte, sera priée de sortir immédiatement.

« Approuvé, etc. »


Nous trouvons ces dispositions fort sages ; mais la Société lyrique des Troubadours, si bien placée en face de l’ancien Athénée, ne se réunit pas ce soir-là. Une autre goguette existait dans une autre cour du quartier. Quatre lanternes mauresques annonçaient la porte, surmontée d’une équerre dorée.

Un contrôleur vous prie de déposer le montant d’une chopine (six sous), et l’on arrive au premier, où derrière la porte se rencontre le chef d’ordre.

— Êtes-vous du bâtiment ? nous dit-il.

— Oui, nous sommes du bâtiment, répondit mon ami.

Ils se firent les attouchements obligés, et nous pûmes entrer dans la salle.

Je me rappelai aussitôt la vieille chanson exprimant l’étonnement d’un louveteau[1] nouveau-né qui rencontre une société fort agréable et se croit obligé de la célébrer :

— Mes yeux sont éblouis, dit-il. Que vois-je dans cette enceinte ?


Des menuisiers ! des ébénisses !
Des entrepreneurs de bâtisses !…
Qu’on dirait un bouquet de fleurs,
Paré de ses mille couleurs ! »


Enfin nous étions du bâtiment, et le mot se dit aussi au moral attendu que le bâtiment n’exclut pas les poëtes ; Amphyon, qui élevait des murs aux sons de sa lyre, était du bâtiment. Il

  1. Fils de maître, selon les termes du compagnonnage.