Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/268

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FABIO. Vous avez deviné.

MARCELLI. Et qui s’y tromperait ? Vous ne manquez pas une seule des représentations de San-Carlo : vous arrivez dès l’ouverture, ce que ne fait aucune personne du bel air ; vous ne vous retirez pas au milieu du dernier acte, et vous restez seul dans la salle avec le public du parquet. Il est clair que vous étudiez votre art avec soin et persévérance. Mais une seule chose m’inquiète : êtes-vous poète ou musicien ?

FABIO. L’un et l’autre.

MARCELLI. Pour moi, je ne suis qu’amateur et n’ai fait que des chansonnettes. Vous savez donc très bien que mon assiduité dans cette salle, où nous nous rencontrons continuellement depuis quelques semaines, ne peut avoir d’autre motif qu’une intrigue amoureuse…

FABIO. Dont je n’ai nulle envie d’être informé.

MARCELLI. Oh ! vous ne m’échapperez point par ces faux-fuyants, et ce n’est que quand vous saurez tout que je me croirai certain du mystère dont mon amour a besoin.

FABIO. Il s’agit donc de quelque actrice… de la Borsella ?

MARCELLI. Non, de la nouvelle cantatrice espagnole, de la divine Corilla !… Par Bacchus ! vous avez bien remarqué les furieux clins d’oeil que nous nous lançons ?