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Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/77

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ANGÉLIQUE

Qu’on mène ma fille à la tour,
Elle n’y verra jamais le jour !

Elle y resta sept ans passés
Sans que personne pût la trouver :
Au bout de la septième année
Son père vint la visiter.

— Bonjour, ma fille ! comme vous en va ?
— Ma foi, mon père… ça va bien mal ;
J’ai les pieds pourris dans la terre,
Et les côtés mangés des vers.

— Ma fille, il faut changer d’amour…
Ou vous resterez dans la tour.
— J’aime mieux rester dans la tour,
Mon père, que de changer d’amour !

Nous venons de voir le père féroce ; — voici maintenant le père indulgent.

Il est malheureux de ne pouvoir vous faire entendre les airs, — qui sont aussi poétiques que ces vers, mêlés d’assonances, dans le goût espagnol, sont musicalement rhythmés :

Dessous le rosier blanc
La belle se promène…
Blanche comme la neige,
Belle comme le jour :
Au jardin de son père
Trois cavaliers l’ont pris.

On a gâté depuis cette légende en y refaisant des vers, et en prétendant qu’elle était du Bourbonnais. On l’a