Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/108

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ces mains délicates eût été pour lui comme du feu. Il ne put parler et respirer que lorsque Jeannette se fut éloignée. Cependant il fit ensuite la réflexion qu’elle ne lui avait pas adressé le parole ainsi qu’à son compagnon, et avait même baissé les yeux en passant près de lui. Se serait-elle aperçue qu’à l’église son regard était toujours fixé sur elle ? Le fait est que, peu de temps après, une dévote nommée Mlle Drouin avertit la gouvernante du curé que Nicolas, pendant le prône, avait toujours les yeux tournés du côté de Mlle Rousseau. Marguerite le redit au jeune homme avec bonté, en assurant que plusieurs personnes avaient fait la même remarque.

V.
marguerite.

Marguerite Pâris, la gouvernante du curé de Courgis, touchant à la quarantaine ; mais elle était fraîche comme une dévote et comme une femme qui avait toujours vécu au-dessus du besoin. Elle se coiffait avec goût et de la même manière que Jeannette Rousseau. Elle faisait venir ses chaussures de Paris et les choisissait à talons minces et élevés, faisant valoir la finesses de sa jambe, qui était couverte d’un bas de coton à coins bleus bien tiré. C’était le jour de l’Assomption ; il faisait chaud ; la gouvernante, après vèpres, se déshabilla et se mit en blanc. Les enfants de chœur jouaient dans la cour, l’abbé Thomas était à l’église, Nicolas étudiait à sa petite table près d’une fenêtre ; Marguerite, dans la même chambre, épluchait une