Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/351

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quelles on se réconciliait avec ses ennemis. Les jours de jeûne devaient avoir lieu la veille des grandes solennités et pendant tout le mois qui correspond à février. Aux ides de novembre se trouvait la fête des morts. C’est le jour où les mânes se répandent sur la terre. — Ce jour-là, le monde est ouvert ; les ombres viennent juger les actions des vivants et s’inquiètent de la mémoire qu’on leur a gardée.

En examinant tout ce système de restauration païenne, on ne serait pas étonné de le voir s’accorder avec les principales fêtes de l’Église, qui, dans le principe, s’accommoda sur bien des points au calendrier romain.

L’observation du jeûne et l’abstinence de certains aliments préoccupent beaucoup l’hiérophante nouveau. Il lance l’anathème contre les impies qui se nourrissent de la viande des solipèdes, des oiseaux de proie et des animaux carnassiers. — Manger de la viande de cheval lui paraît une abomination que ne peuvent excuser les plus grandes extrémités. « Des libertins, par vaillantise, dit-il, ont mis leur gloire dans le vice jusqu’à manger de la chair de chat, et le peuple s’est relâché parfois à mettre un corbeau dans son potage… De ces excès résultent un déplorable abrutissement et les crimes les plus atroces. Ainsi, le peuple doit éviter de se nourrir de solipèdes, d’unguicules et de polysulques… » Mais les hiérophantes et les véritables initiés doivent faire plus encore, afin de se rendre propres à la contemplation. Ils n’useront donc ni du pourceau qui, quoique bisulque, est entièrement privé de défense, ni, entre les poissons, de ceux qui n’ont ni nageoires ni écailles. « Certes, il n’y a pas au monde de spectacle plus hideux que celui d’une âme bestiale vieillie dans le corps d’un pourceau ; — quant aux poissons cités plus haut, ils se trouvent privés du bouclier de Mars, et