Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/41

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Un inconnu leva la tête tout à coup par l’ouverture du puisard, et dit à voix basse :

— Est-ce que c’est vous, l’abbé ?

— Pourquoi ?

— C’est qu’il fait beau ce soir ici ; mais il fait meilleur là-dessous.

L’abbé comprit ce qu’on voulait lui dire et se mit à descendre par une échelle dans ce réduit assez fétide. L’homme le conduisit silencieusement jusqu’à un escalier en limaçon, et lui dit : montez maintenant jusqu’à ce que vous trouviez une résistance… frappez, et l’on vous ouvrira.

L’abbé monta bien trois cents marches, puis sa tête heurta contre une trappe qui paraissait lourde, et qui ne céda pas même à la pression de ses épaules.

Un instant après il sentit qu’on la levait, et qu’on lui adressait ces mots :

— Est-ce vous, l’abbé ?

L’abbé dit : Ma foi, oui, c’est moi ; mais vous ?…

L’inconnu répondit par un chut, et l’abbé se trouva sur un plancher solide, mais dans la plus profonde nuit.

IV.

LE CAPITAINE ROLAND.

En tâtant à droite et à gauche, l’abbé de Bucquoy sentit des tables qui se prolongeaient, et ne comprit pas davantage dans quel lieu il se trouvait. Mais l’homme qui lui avait parlé fit briller bientôt une lanterne sourde qui