éclaira toute la salle. L’argenterie étincelait dans les montres, et mille bijoux d’or et de pierres précieuses ruisselaient sur les tables…, qui décidément était des comptoirs… Il n’y avait plus à s’y tromper. On se trouvait dans une boutique d’orfèvre.
L’abbé réfléchit un instant, puis il se dit en voyant la mine de l’homme qui tenait la lanterne sourde : « Il est évident que c’est un voleur ; quelle que soit son intention à mon égard, ma conscience m’oblige à réveiller le marchand que l’on va dévaliser. »
En effet, un second individu était sorti de dessous l’autre comptoir et faisait rafle des effets les plus précieux. L’abbé cria : « Au secours ! à l’aide ! au voleur ! » En vain lui mit-on la main sur la bouche en le menaçant. Au bruit qu’il fit, un homme effaré, en chemise, arriva du fond, une chandelle à la main.
— On vous vole, Monsieur, s’écria l’abbé !
— Au voleur ! à la garde ! cria à son tour le marchand.
— Vous tairez-vous ? dit l’homme à la lanterne sourde en montrant un pistolet.
Le marchand ne dit plus rien ; mais l’abbé se mit à frapper violemment à la porte extérieure en continuant ses cris.
Un pas cadencé se faisait entendre au dehors. C’était évidemment une patrouille ; les deux voleurs se cachèrent de nouveau sous les comptoirs. Un bruit de crosses de fusil se fit entendre sur le pas de la porte.
« Ouvrez, au nom du roi », dit une voix rude.
Le marchand alla chercher ses clefs et ouvrit la porte. La patrouille entra.
— Qu’est-ce qui se passe ici ? dit le sergent.
— On me vole, s’écria le joaillier ; ils sont cachés sous les comptoirs…