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LORELY

pour devenir un homme sage, et j’ose dire, un homme heureux.

frantz. Mais il ne pourra me donner que des conseils, et l’ange secourable qui l’a guéri ne peut avoir pour moi les mêmes consolations.

marguerite. Tenez, le jour tombe tout à fait ; mon père et mon mari vont rentrer dans un instant… ils marchent toujours gravement, en discutant quelque point de politique ou d’histoire ; nous les apercevrons de loin, et il faudra bien qu’ils pressent le pas en me voyant leur faire signe. Ah ! quelle heureuse soirée nous allons passer !… une de nos bonnes réunions de famille d’autrefois !

frantz. Madame…

marguerite. Point d’importuns ; toute la ville est à la représentation du nouvel opéra… Moi, j’avais une loge ; tenez, voilà le coupon déchiré.

frantz. Oh ! mille pardons, madame : si j’étais pour quelque chose dans ce sacrifice, je vais le reconnaître bien mal. Je suis forcé de me rendre à une assemblée… où j’ai été convoqué par une lettre pressante.

marguerite. Eh bien ! faites de votre lettre ce que je viens de faire de mon billet.

frantz. Je suis honteux en vérité ; je n’aurais pas dû vous rendre visite, ayant si peu de liberté ce soir.

marguerite. Mais cela est impossible ainsi ; et je