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LORELY

deux, et le maître des cérémonies vous accueillera comme il va m’accueillir.

flaming. Frantz, nous te plaignons sincèrement. Au lieu d’aller avec eux, viens avec nous, je le le conseille. Au lieu de nous exciter à revêtir une livrée, quitte la tienne ! À moins qu’elle ne serve à cacher une résolution glorieuse, à moins que le bounon ne recouvre le Brut us.

frantz. Adieu, frère. Je ne suis pas Romain, mais Allemand-, je n’étudie pas la liberté dans les livres, mais dans les faits. Les époques ne sont jamais semblables, et les moyens diffèrent aussi. Quand tout sera prêt, appelez-moi, faites-moi un signe, et vous me retrouverez courageux et fidèle. En attendant, laissez-moi marcher dans mes plaisirs et dans mes peines : je hais cet esprit de liberté farouche, qui méprise toute fantaisie, toute gaieté, tout amour !… qui foule aux pieds les fleurs, et qui se défend de toutes joies, comme s’il n’était pas impie de repousser les dons du ciel !… Ah ! donnez-moi l’occasion de servir enfin notre patrie ; mais délivrez-moi du tourment de haïr, de méditer des plans funestes ! faites qu’il n’y ait un jour qu’un bras à joindre aux vôtres, un grand coup à frapper au péril de ma vie, et si c’est aujourd’hui, si c’est tout à l’heure, eh bien, dites-le-moi ! pour que je dépouille cet habit, et que je me mette à l’œuvre, le front levé et les mains nues.