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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

diana. Et parce que ce jeune homme imprudent, furieux, a prêté l’oreille à ces conspirateurs de tragédie, dont on fait tant de bruit depuis quelques jours !… rien ne peut désarmer le prince ; mon crédit s’y est perdu ! il m’a refusée, moi !

marguerite. Rentrons, mon amie ; cette fête est. triste et funèbre… Je vais partir.

diana. Ton mari revient ici cette nuit. (Elles rentrent.)


X. — FRANTZ, seul.


Enfin, je l’ai vue ! j’ai tout avoué… j’ai tout dit ! elle m’a entendu sans colère… Oh ! il y a bien près de son silence à un aveu ! Comment ai-jc trouvé dans mon âme cette hardiesse inespérée, dont je m’étonne encore ? Qui m’a inspiré cette résolution soudaine ? à moi si timide jusque-là ?… Qui sait ? les sons de la musique, l’enivrement de la fête.. Ah ! elle avait tout deviné, tout compris ! Elle suivait les progrès de cet amour qui s’amassait en moi ; et elle y répondait peut-être avant même qu’il n’eût éclaté. Oh ! qui saura jamais le secret de tous ces cœurs de jeunes filles, qui ne peuvent répondre qu’à l’amour qui leur est offert, et qui ont souvent à cacher des préférences qu’on ignore ! Aujourd’hui seulement, je mesure toute la folie de mes espérances d’hier !… Une femme si jeune et si noble d’esprit, et qui devait être gardée de tout amour à l’ombre