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LORELY

d’un nom illustre… Oh ! l’amour, l’amour sincère et tout-puissant n’est donc pas une invention des poètes ? L’amour triomphe de tous les obstacles ! Il brise, en un instant, ces inégales conventions de la société, qui enchaînent la colombe à l’aigle, la femme aimante à l’homme de marbre !… Oh ! je suis heureux ! je suis fier ! Qu’on ne vienne plus me parler de complots, d’ennemis, à présent : je n’ai plus rien d’amer dans l’âme ; je suis heureux, je suis aimé !…


XI. — FRANTZ, WALDECK.


waldeck. Pardonnez-moi, monsieur, d’avoir surpris vos dernières paroles… Vous parliez d’ennemis, et je saisis cette occasion de vous dire que j’espère ne plus être compté parmi les vôtres.

frantz. Il est inutile de réveiller ce souvenir.

waldeck. Veuillez m’accorder un instant. Quand les épées de deux hommes d’honneur se sont une fois rencontrées, il y a entre eux dans l’avenir plus de chances pour l’amitié que pour la haine.

frantz. Je n’ai nul motif de haine contre vous, monsieur, je vous ai adressé une provocation, vous m’avez rendu une blessure ; nous sommes quittes.

waldeck. Oh ! nous ne pouvons plus être indifférents l’un à l’autre. À compter de cette heure, nous devenons compagnons de danger, frères d’opinion.