Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’ordinaire, une physionomie spéciale ; mais, dans les villes anciennes, il faut chercher d’abord le quartier où se tiennent les halles ; là est le noyau, l’alluvion de trois siècles, la population caractéristique. Ce quartier, à Liége, doit à ses rues étroites et tortueuses plutôt qu’à la forme de ses maisons une couleur antique encore prononcée. Un carrefour triangulaire, où aboutissent sept ou huit rues, encombré de marchands, de foule et de voitures, rappelle tout à fait le premier décor de la Juive avec sa porte d’église à droite, à gauche une rue en escalier qui descend vers la Meuse, et au fond, une voie plus large qui conduit au pont des Arches, un vrai pont du moyen âge fortement cambré, et dont les piles énormes ont dû jadis porter des maisons. Il remonte, du reste, à 1100, quoique souvent réparé depuis. Du milieu de ce pont, la vue est magnifique de tous les côtés : les hauteurs de la citadelle et les coteaux qui fuient vers le midi, parés des dernières verdures de la saison, la Meuse qui se perd dans les noires Ardennes, les tours et les clochers de briques que le soleil rougit encore ; le faubourg d’outre-Meuse coupé par une autre rivière, l’Ourthe, qui y trace de joyeux îlots : puis, sur le quai de la rive gauche, un vaste emplacement où se tient la foire, où se presse la foule bariolée autour des étalages, des cirques et des bateleurs.

Ayant vu la ville des deux côtés du pont et de la