Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/52

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tinople, et j’ai emporté 50 francs avec quoi je ferai la route.

Cette confiance m’étonna tellement, que je lui fis expliquer en détail toutes ses dépenses ; il est clair qu’il ne pouvait y aller ainsi par le paquebot du Danube.

— Combien dépensez-vous par jour ? lui dis-je ?

— Vingt sous de France par jour au plus. Je vous ai dit ce que coûtait la dépense d’auberge ; le reste est pour les petits verres de rack, et un bon morceau de pain vers midi.

Il m’assura qu’il avait déjà fait la route de Strasbourg à Vienne pour 16 francs. Les auberges les plus chères étaient dans les pays avoisinant la France. En Bavière, le lit ne coûte plus que 3 kreutzers (2 sous). En Autriche et en Hongrie, il n’y a plus de lits ; ou couche sur la paille, dans la salle du cabaret ; on n’a à payer que le souper et le déjeuner, qui sont deux fois moins chers qu’ailleurs. Une fois la frontière hongroise passée, l’hospitalité commence. À partir de Semlin, les lieues de poste s’appellent lieues de chameau ; pour quelques sous par jour, on peut monter sur ces animaux, et chevaucher fort noblement ; mais c’est plus fatigant que la marche.

La profession de ce brave homme était de travailler dans les cartonnages ; je ne sais trop ce qui le poussait à l’aller exercer à Stamboul. Il me dit