Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/79

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et prendre ma part dans ce plaisir de tous, qui pour moi seul était le bonheur et la vie. Oh ! tu la vaux bien peut-être, en effet… mais as-tu cette grâce divine qui se révèle sous tant d’aspects ? As-tu ces pleurs et ce sourire ? As-tu ce chant divin, sans lequel une divinité n’est qu’une belle idole ? Mais alors tu serais à sa place, et tu ne vendrais pas des fleurs aux promeneurs de la Villa-Reale…

LA BOUQUETIÈRE. — Pourquoi donc la nature, en me donnant son apparence, aurait-elle oublié la voix ? Je chante fort bien, je vous jure ; mais les directeurs de San-Carlo n’auraient jamais l’idée d’aller ramasser une prima donna sur la place publique… Écoutez ces vers d’opéra que j’ai retenus pour les avoir entendus seulement au petit théâtre de la Fenice.

(Elle chante.)
air italien

Qu’il m’est doux de conserver la paix du cœur, le calme de la pensée.
Il est sage d’aimer dans la belle saison de l’âge ; plus sage de n’aimer pas.