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APPENDICE.


xiii — LES ARTS À CONSTANTINOPLE ET CHEZ LES ORIENTAUX[1]


Il existe chez nous un préjugé qui présente les nations orientales comme ennemies des tableaux et des statues. C’est là une vieille récrimination bonne à ranger près de celle qui attribue au lieutenant d’Omar la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, laquelle, bien longtemps auparavant, avait été dispersée après l’incendie et le ravage du Sérapéon.

Les journaux d’Orient nous ont appris cependant que le sultan avait consacré de fortes sommes à la restauration de Sainte-Sophie ; au moment où la civilisation européenne semble si peu s’intéresser aux merveilles de l’imagination et de l’exécution artistiques, il serait beau que les Muses trouvassent à se réfugier sur ces rives de Bosphore, d’où elles nous sont venues. Rien ne peut empêcher cela, en vérité.

Nous savons tous qu’il existe des tableaux peints sur parchemin à l’Alhambra de Grenade, et que l’un des rois maures de cette ville avait fait dresser la statue de sa maîtresse dans un lieu qu’on appela Jardin de la Fille. J’ai dit déjà que l’on rencontrait dans une des salles du sérail, à Constantinople, une collection de portraits des sultans, dont les plus anciens ont été peints par les Bellin, de Venise, qu’on avait, à grands frais, conviés à ce travail.

J’ai eu même l’occasion d’assister à une exposition de tableaux qui eut lieu, à Constantinople, pendant les fêtes du Ramazan, dans le faubourg de Galata, près de l’entrée du pont de bateaux qui traverse la Corne-d’or. Il faut avouer toutefois que cette exhibition aurait laissé beaucoup à désirer à la critique parisienne. Ainsi l’anatomie y manquait complète-

  1. Cette étude complète le chapitre ix ci-dessus : la Peinture chez les Turcs, Nous avons pensé que quelques répétitions ne devaient pas nous la faire écarter. (Note des Éditeurs.)