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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/23

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INTRODUCTION. &

Le voyage de Henri de France en Angleterre, à la fin de l’année 1845, a troublé l’iieureuse et opulente sécurité de la Presse. Là, il ne s’agissait plus des vertus de madame la Daupliine, des gnkes du roi Charles X, que le château lui-même n’a aucun intérêt à nier ; il s’agissait d’un événement qui avait jeté les nouvelles Tuileries dans une impatience fébrile. La Presse se trouvait donc entre son abonnement légitimiste et son abonnement conservateur. Si elle approuvait le voyage, elle rompait avec le château dont elle a appris, en plus d’une occ ;ision, à apprécier l’amitié, et elle perdait, en même temps, les abonnés (jui lui viennent du monde dynastique. Si elle attaquait le voyage, elle s’exposait à faire déserter ses abonnés légitimistes. Dans l’un et l’autre cas, son achalandage, je veux dire son abonnement, diminuait de moitié. Le malheureux journal était dans une perplexité cruelle. Que faire ? que dire ? quel parti adopter ? Après avoir bien réfléchi, la Presse résolut de ne rien dire, de ne rien tbire, et de n’adopter aucun parti. Pour elle, le voyage de Londres fut comme un fait non avenu ; elle n’en parla ni en bien ni en mal, elle n’en parla pas. On vit, par un calcul étrange, un instrument de publicité s’occuper de tout excepté de ce qui occupait le public. Ce ne fut pas encore la lin des tribulations de la Presse : les feuilles légitimistes se doutant du motif qui ferniait la bouche à ce journal, lui demandèrent l’explication de son silence avec une malicieuse cruauté, et attachèrent d’autant plus de prix à connaître son opinion surle voyage de Londres, (pie la Presse voulait la cacher. Après une longue résistance,