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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/28

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10 INTRODUCTION.

Ce sont MM. Victor Hugo, Alexandre Dumas et Scribe. En analysant leur poéticjue, on parviendra à se faire une idée assez juste de la situation générale du théâtre.

M. Victor Hugo, on le sait, n’avait pas attendu les romanciers du feuilleton pour réhabiliter la courtisane. Son ambition littéraire semble être de renverser l’ordre ordinaire de choses, et la perspective de son théâtre est prise, non selon les lois habituellns de l’optique, mais à l’aide d’un de ces verres qui renversent les objets, de sorte que la société y apparaît, qu’on nous passe cette comparaison, la tête en bas et les pieds en haut. Sa plus grande joie est de peindre ainsi les figures au rebours des idées reçues, et on l’a vu célébrer tour à tour sur la scène, la beauté de la laideur, la chasteté de la prostitution, la probité du brigandage, la dignité de la bouffonnerie, les magnificences des haillons et les parfums delà boue. Il est vrai que, par compensation, toutes les fois qu’il met la main sur les grandeurs de la famille ou de la société, il les traîne aux gémonies. N’estce pas lui qui, dans Angelo, a fait descendre l’épouse légitime au-dessous de la courtisane ; qui, dans Hcrnani, a placé l’empereur au-dessous du bandit ; qui, dans le Roi s’amuse, a jeté François 1" sous les pieds d’un bouffon, et a fait amnistier par cette triste créature, reléguée au dernier degré de l’échelle sociale, le vainqueur dont la main tint l’épée de Marignan, et, quelque chose de plus, le vaincu dont la main signa le billet de Pavie ? Mais c’est surtout à la reine que M. Hugo a voué une haine mortelle. L’échafaud de Marie-