Aller au contenu

Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION. 18

lâ morale y soient attaquées, non, elles n’y sont pas même attaquées ; mais le sens moral y manque complètement. C’est une suite de tableaux de genre vivement et spirituellement tracés, mais qui semblent destinés à devenir la décoration de ces petites maisons dont les grands seigneurs de la fin du dernier siècle faisaient des auberges de volupté. L’esprit y sert de passe-port à la licence ; les mœurs y sont si naïvement et si naturellement effrontées, qu’il semble que ce soit la chose la plus naturelle et la plus inévitable du monde que la débauche, le désordre et le scandale. Tout s’y dit et tout s’y fait, non pas derrière l’éventail ; l’éventail, le dernier rempart, ou, si vous aimez mieux, cette dernière hypocrisie de la pudeur, est tombé des mains des héroïnes dramatiques de M. Alexandre Dumas, et s’est brisé en mille morceaux ; tout s’y fait et tout s’y dit franchement, à la clarté du jour. Ce théâtre est une espèce de régence littéraire, et les œuvres de M. Alexandre Dumas portent à un si haut point ce caractère, que le ton et les mœurs de cette époque légère et hardie ont suivi l’auteur jusque dans la peinture des sujets empruntés au grand siècle. Lorsqu’il a voulu écrire une comédie sous ce titre : Les Demoiselles de Saint-Cyr, n’a-t-il pas fait du Saint-Cyr de l’austère madame de Maintenon une espèce de passage public, où l’on noue une intrigue le plus facilement du monde, et où l’on entre jour et nuit par la porte, ou, à défaut de porte, par la croisée, de sorte que la maison toute mondaine de madame Campan, qui fournit plus d’une anecdote à la médisance, serait une espèce de Trappe à côtt’ de cette