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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/32

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14 INTRODUCTION,

sainte maison de Saint-Cyr, pour laquelle Racine composa Esiher et Athalic, dont les vers admirables, inspirés par la Bible, qui fut inspirée par Dieu, trouvèrent de di ?:nes interprètes dans les nobles jeunes filles élevées à l’abri de cette maison respectée ? Quoi de plus ! si l’on a rendu justice à Racine en faisant représenter Estlier et Àlhalie par les demoiselles de Saint-Cyr, il aurait fallu, ponr être juste envers M. Alexandre Dumas, prendre les actrices de sa compile des Dsinoinelles de Saint-Cyr parmi les sous-lieutenants du Saint-Cyr actuel, ou à l’école de cavalerie.

Quant à M. Scribe, il fait régner sur le théâtre un scepticisme railleur et une immoralité moins hardie et plus raffinée, mais non moins dangereuse. On dirait qu’il a consacré son talent à célébrer perpétuellement la vertu du bien jouer, la souveraineté de l’intrigue, le- ; habiletés de l’apostasie politique, l’à-propos de la trahison et la toute-puissance du basard. Sans cesse il commente, avec plus ou moins de bonheur, cette idée première de sa comédie de Bertrand et Raton. La corruption élégante, la bassesse des sentiments, dissimulée par la grâce de la forme ; l’incrédulité politique et sociale s’exprimant en épioçrammes ; la niaiserie de la probité, les ridicules de la vertu ; le savoir-faire, le savoir-vivre et le savoir-dire triomphant toujours dans le monde, et la religion du succès remplaçant toutes les religions, tels sont les traits doininants de la morale développée dans tout ce répertoire de haute comédie qui se termine par Lii lierre ri’ eau et Une Ret^tauralion.