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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/33

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INTRODUCTION. 15

Sauf de rares exceptions, la littérature dramatique, perdant de vue le noble objet que doit se proposer tout auteur vraiment digne de ce nom, n’a cherché, que l’amusement du spectateur, qu’elle aspire à divertir ou à impressionner par tous les moyens et à tout prix. De là tant de pièces de théâtres hardies et eflVontées qui remj)lacent l’esprit qui leur manque par toutes les ressources de la licence. La censure, toujours aux aguets pour saisir et pour arrêter au passage la moindre allusion politique, s’humanise et se relâche dès qu’il ne s’agit que d’insultes adressées à la vérité historique, aux mœurs et à la relii^ion. Elle est là, les ciseaux à la main, pour émonder les ftivoris de Vautrin, s’ils osent affecter une ressemblance factieuse et prendre d’ambitieuses dimensions, et elle ne tolère pas qu’on dise « Mort aux Anglais ! » ou qu’on mette au théâtre un personnage et un sujet qui pourraient être désagréables à Windsor ; mais elle tolère des atteintes mortelles portées à la morale, à la probité et à la pudeur pubMquc.

Ajoutez à cela la grande famille des Macaires régnant sur les théâtres secondaires, et presque toutes les pièces se terminant, sur les scènes des boulevards, par quelques passes de celte danse cynique que la j)udeui’ des sergents de ville, plus timorée que celle des censeurs royaux, interdit aux barrières, et vous achèverez de vous faire une idée de la littérature dramatique, qui marche vers la dissolution qui régnait sur les théâtres de Constantinople dans les derniers temps du Bas-Empire, en traitant le public comme ces vieillards aux sens