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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/39

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suivent sans se succéder ; chacune d’elles marche à sa guise et à son pas. La société finit et recommence sans cesse, ou phitôt il n’y a pas de société, il y a un pêlemêle social oîi une forme politique se produit aujourd’hui pour être brisée demain ; aujourd’hui nécessaire, demain impossible, parce que les circonstances ont changé. Dans cette instabilité continuelle, les mots de droits et de devoirs n’ont plus de sens ; le droit, c’est le bien joué de la force ; le devoir, c’est l’impuissance de résister ; ou plutôt, il n’y a plus ni droits, ni devoirs ; il y a des faits.

Le fait ! voilà l’idéal des gens qui gouvernent, dans toute sa beauté, c’est-à-dire dans toute sa laideur. Ils ne voient partout que des circonstances et des faits, et ils réduisent le gouvernement des sociétés humaines à l’art de tendre la voile du côté d’oîi souftle le vent de la fortune. Or, qu’est-ce qu’avoir pour soi les faits ? C’est avoir le budget et l’armée. Quels sont les deux principes de gouvernement qui répondent à ces deux, moyens de gouvernement, le fer et l’or ? Ce sont l’intimidation et la corruption. Vous voyez par quelle suite dç déductions logiques on arrive à la formule du gouvernement selon les doctrinaires. La peur et la vénalité, voilà les deux divinités immondes auxquelles il leur faut perpétuellement ’sacrifier. L’honneur ! Comment le réveilleraient-ils dans les âmes, eux qui ne peuvent invoquer qu’une bourse pleine d’or et une épée nue ? La fidélité ! A quel titre la réclameraient-ils, eux qui déclarent que tout est réglé dans le monde par la nécessité ? L’amour de la patrie, le sentiment de la dignité nationale et de