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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/40

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22 INTRODlCTfON.

la dignité humaine ! Au nom de quelles idées s’adresseraienl-ils à ces nobles passions, et quel langaire leur parleraient-ils, eux qui n’ont à alléguer que l’omnipotence des faits, l’empire des circonstances, la puissance inévitable et fatale de la force ?

Les hommes d’État de cette école sont donc bien obligés de s’adresser aux passions qui se rapportent aux deux seuls moyens qui leur paraissent constituer l’action politique, le budget et l’armée. Or, quelles sont les passions qui correspondent à la puissance de l’or ? Ce sont l’égoïsme, la vénalité, la cupidité, l’amour du lucre, la soif du bien-être matériel, le goût désordonné du luxe et de tous [les plaisirs qu’on achète, le besoin d’acquérir sans fin et sans mesure par tous les movens, la concussion, le vol, les tripotages, l’intrigue, l’apostasie, les complaisances honteuses, les complicités indignes, la bassesse, la servilité. Quels sont les sentiments sur lesquels la force matérielle peut exercer une action puissante ? Ce sont la peur, la faiblesse, la couardise, les vaines terreurs qui se créent à elles-mêmes des fantômes, la pusillanimité des caractères, la torpeur morale et intellectuelle, l’appréhension du péril, de la soufl’rance et de la mort.

Chose remarquable et qui démontre la réalité du rapport que nous venons d’établir, entre les principes des hommes et leurs actions, plus on est avant dans la société politi(pie, plus on est corrompu. Cela est et cela doit être, car ceux qui voient employer, et à qui on prescrit d’employer eux-mêmes, dans la politique, des movens deshonnêtes, compiennent mal pourquoi ce