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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/41

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INTRODUCTION. 23

qui est licite dans la politique serait coupable dans les rapports de la vie ordinaire. On ne quitte pas ainsi ses sentiments avec son habit de cérémonie. Ce haut fonctionnaire, à qui le procureur général disait dans un procès célèbre : « Le sens moral vous manque ; » ce fougueux membre du centre, s’accusant lui-même, devant les assises de Perpignan, d’avoir manqué à la dignité du commandement ; les employés de la ville de Paris, déclarant qu’ils ont reçu de l’argent pour les services qu’ils ont rendus, parce que leurs appointements n’étaient pas assez considérables, et falsiiiant le tracé des rues ou lui donnant une direction arbitraire, et l’un des accusés dans l’aftaireHourdequin traduisant, sans s’en douter, ce mot de M. Thiers : « La France est un grand peuple, car c’est l’un des deux plus gros budgets du monde ; » et le présentant sous cette formule nouvelle en l’appliquant à la vie civile :« C’est un honnête homme, car il a trente mille livres de rentes ;» voilà des témoins qui déposeraient de la justesse de cette assertion, si elle avait besoin d’être prouvée. Ce procès de laYille va nous aider à sortir des généralités et nous servir à lire plus profondément dans la situation que nous venons d’esquisser. C’est surtout dans les tribunaux que les vices secrets qui travaillent la société aboutissent à la surface. La cour d’assises, c’est la confession perpétuelle des misères et des cormptions qui existent au sein d’une société ; c’est là qu’elle vient étaler ses intirniités les plus secrètes et ses blessures les plus honteuses, en effrayant quelquefois, de ses confidences sinistres, ceux qui sont assis sur le