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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/43

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INTRODUCTION. 26

devoirs des fonctionnaires, les choses qu’on y taisait presque publiquement. Enfin la conduite de l’administration qui connaissait une partie des abus et ne les empêchait pas, qui allait quelquefois jusqu’à les croire inévitables, donne un degré de généralité de plus à cette étrange affaire qui offre une occasion précieuse de recueillir des lumières sur l’affaiblissement du sens moral dans la sphère administrative.

Que faisaient donc les accusés de l’administration de la ville ? Ils profitaient de leurs fonctions pour s’enrichir, et leur méthode pour arriver à ce but se composait de deux procédés. Les propriétaires qui répondaient aux propositions intéressées des bureaux obtenaient de bonnes indemnités promptement liquidées, en échange de leurs terrains et de leurs maisons : marchande-t-on quand on ne paye pas de son argent, et quand, au contraire, on a part aux indemnités qu’on alloue ? Quelque chose de plus, on modifiait le tracé des rues pour aller chercher les maisons favorisées dont les propriétaires se montraient accommodants ; les rues se dérangeaient de leur chemin pour faire les affaires des amis des bureaucrates. Quant aux propriétaires récalcitrants, on agissait avec eux de Turc à More : rapports traînés en longueurs, dossiers égarés, demandes éludées et repoussées malgré leur bon droit, tracés changés contre l’intérêt delà Ville, rien n’était omis pour les réduire ou les punir, si bien que, pendant les réclamations, j)lusieurs maisons sont tombées, et qu’on a entendu un de ces malheureux propriétaires, réduits à l’aumône, accuser publiquement de sa misère les bureaux de la