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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/53

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lement une renommée équivoque, serait traité aujourd’imi, par bien des gens, eomme le scrupule outré d’un rigorisme rétrograde. On va où l’on s’amuse, sans rechercher les précédents, et il n’y a plus qu’un obstacle qui arrête, l’ennui ; qu’une considération qui attire, le plaisir. Le salon le plus honorable est celui qui aie meilleur orchestre, qui est le mieux éclairé, où les rafraîchissements sont le plus somptueusement servis, où l’on danse le mieux et où l’on étouffe le plus. Il en est de l’opulence mal acquise comme du pouvoir, c’est un foit accompli. Telle femme dont le nom, dans un temps qui n’est pas éloigné, eût fait tressaillir les personnes de son sexe par les tragédies qu’il rappelle, verra la foule accourir à ses magnifiques fêtes. Tel homme d’argent venu de l’étranger, dont la fortune est un scandale, et dont, à une autre époque, on aurait évité le salut dans la rue, sera l’objet des sollicitations d’une partie du grand monde ; quand il doit donner un bal, il y a des brigues autour de lui ; il se vante de choisir parmi les duchesses, tolère à peine les marquises, néglige les baronnes, et parodie Louis XIV faisant la liste de ses invités dans les voyages de Versailles, de Fontainebleau et de Marly. Combien de députés, venus honnêtes et indépendants à Paris, ont été corrompus par ce luxe et ce besoin de jouissance qui sont les deux traits distinctifs de la vie parisienne, et combien de probités se sont fondues à la chaleur d’une civilisation corrompue parle matérialisme politi(}ue qui règne dans les régions officielles ! L’or et l’argent, ces deux divinités des puissants du jour, brillent partout ; dans l’intérieur des maisons et sur leurs