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Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 1re série, 1847.djvu/61

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INTRODUCTION. 43

C’est ainsi que la littérature, corrompue à la fois par la corruption qui règne dans la sphère politique, par l’absence d’un idéal social et par l’anarcbie qui résulte du manque absolu de direction morale, trouve une tolérance presque universelle, quand elle devient corruptrice à son tour. Comme les idées ne sont pas mises en mouvement par une haute impulsion’, elles se trouvent viciées par cette stagnation même ; et au lieu de former un grand fleuve dont les eaux vives désaltèrent les populations dont elles arrosent le territoire, elles vont se perdre, selon le caprice individuel, en mille ruisseaux qui bientôt expirent dans les terres et dégénèrent en mares infectes et en cloaques immondes. La fantaisie et le caprice de chaque écrivain, ne subissant plus aucune règle, enfantent des monstres ; les lois de la création littéraire sont suspendues, et la littérature n’est plus qu’un chaos dont les éléments confondus se heurtent au lieu de se combiner. Il s’établit une idolâtrie d’un nouveau genre, l’idolâtrie de l’imagination agenouillée devant ses cauchemars, et chaque journée a son fétiche littéraire à la manière des sauvages, qui prennent pour Dieu, chaque matin, le premier objet qu’ils rencontrent au sortir de leur hutte. Les écrivains, ne rencontrant plus cet idéal social qui doit se refléter dans leurs écrits et leur donner un caractère commun et universel, ils n’ont plus d’autre culte que celui de la force individuelle et de leur propre force, et deviennent ainsi les complices et les propagateurs du mouvement qui entraîne la société à déifier cette divinité souillée, i)art()Ut où elle la trouve, ot à prendre