Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/16

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Chérie de sa tante, des religieuses et deses compagnes, c’esi là que Septimanie recevait une éducation à la fois pieuse et mondaine, solide et élégante. Une gouvernante sévère, atta chée depuis longtemps à la maison des Guise, et qui n’avait jamais quitté la duchesse de Richelieu, fut chargée par le duc de surveiller sa fille et de tempérer l’indulgence que ne pou vait manquer d’avoir l’abbesse du Trésor pour une enfant aussi aimable. Madame Desormes, descendante en droite ligne d’un valet de chambre du Balâfré, avait toute la hauteur des ducs de Lorraine, et ses idées aristocratiques, en opposition continuelle avec celles de l’abbesse, lui inspiraient le désir naturel de la contrarier le plus qu’il était possible. Ainsi, lorsque la tante de Septimanie oubliait de la punir pour quel que étourderie, madame Desormes lui infligeait de son chef une pénitence sévère, l’empêchait d’aller jouer dans le jardin pendant la récréation, et la forçait à écouter pour la centième fois les grands événements de la Ligue, les états de Blois et l’assassinat de son noble aïeul.

Tout en trouvant les récits de sa gouvernante peu variés et trop longs, Septimanie n’écoutait pas sans orgueil l’histoire de la puissance et des hauts faits qui illustraient la famille de sa mère. Ce sentiment, nourri par les soins de madame Desormes, se maintint dans l’âme de mademoiselle de Riche lieu, peut-être à un plus haut degré que son père ne le voulait.

De son côté, l’abbesse entretenait souvent sa nièce des talens supérieurs et de la haute politique de leur grand-oncle, de ce cardinal-roi qui avait soumis à son pouvoir la noblesse et le trône. Ainsi Septimanie apprenait de l’une que le premier de tous les avantages est celui d’une grande naissance, et de l’autre que cet avantage était vain sans le mérite personnel et le courage de se faire valoir (nom que l’abbesse donnait à l’ambition et au despotisme de son grand-oncle).

Il naissait de ces réflexions opposées un mélange d’idées féodales et philosophiques qui régna toujours dans l’esprit de Septimanie, et lui donna cette complaisance pour les préjugés qui a tant de grâce chez les femmes, et cet enthousiasme