tions de Septimanie avec sa compagne favorite, mademoiselle Laurette de Poligny.
— Quoi ! vraiment, disait cette dernière, il te donne un bouquet toutes les fois que tu vas à Bisy ?
— Non-seulement un bouquet, répondit Septimanie, mais une corbeille remplie des plus beaux fruits du jardin. Il vole tes ananas dans les serres pour me les offrir. Nous le trouvons toujours à cheval sur la route les jours où nous devons aller nous promener dans le parc de son père.
» — Vous saviez donc, lui ai-je dit hier, que nous devions venir ?
» — Non, m’a-t-il répondu ; la crainte de perdre un seul moment du bonheur de vous voir m’amène chaque matin sur la route, bien souvent inutilement ; mais enfin le jour arrive où je vous aperçois de loin, et je suis si content alors que j’oublie tout le temps que j’ai attendu vainement et la mauvaise humeur de mon gouverneur, que ma promenade sur la même route ennuie à la mort.
» Que penses-tu de cela ?
Et Laurette, que trois années de plus que son amie rendaient déjà rêveuse, pensait que le jeune Louis était amoureux.
Cette idée se changea bientôt en certitude, et c’est dans cette douce croyance que s’éleva labelle Septimanie. Privée dès l’enfance des caresses de sa mère, de ces douces émotions d’une chaste tendresse, sa première affection fut l’amour. Elle s’y livra avec la confiance d’un enfant qui a besoin d’être aimé, de sentir l’objet d’une passion vive et sincère, inaltérable, telle que le dévouement d’une mère. Cette tendresse maternelle que la mort lui avait ravie, ce bonheur qui lui manquait, elle le demandait à tout ce qui lui ressemble.
Cependant elle était l’orgueil de son père et son attachement pour elle l’emportait sur tous ses autres sentimente. La duchesse de Lauraguais qui régnait alors sur lui, ou plutôt qui était son heureuse esclave, ne dut l’honneur de se consacrer si longtemps à lui qu’à l’attachement et à l’admiration qu’elle avait pour Septimanie. Rien n’était à difficile à concilier que le respect, la tendresse du duc de Richelieu pour sa