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un geste lui fait entendre que la clef est en sûreté ; alors un sourire de reconnaissance répond à cet avis ; hélas ! ce sou­rire est le dernier !

L’abbesse ordonne qu’on entraîne sa nièce hors de la cel­lule.

Deux heures après, mademoiselle de Richelieu était dans le carrosse de sa tante avec madame Desormes, chargée de conduire mademoiselle de Richelieu chez son père.



IV

LA MARQUISE DE POMPADOUR


Le maréchal de Richelieu était avec la duchesse d’Aiguillon[1], sa tante, et la duchesse de Lauraguais, la plus spiri­tuelle, la plus dévouée de toutes les femmes qui l’aient aimé ; il leur faisait part de la lettre que venait de lui adresser ma­dame de Pompadour sur la mauvaise humeur que le roi témoignait contre lui depuis quelque temps, disgrâce dont il accusait madame de Pompadour d’être cause.

— Malgré toutes ses phrases caressantes, dit le maréchal, je n’en pense pas moins qu’elle m’a desservi de son mieux près du maître ; elle ne me pardonne pas d’avoir dit qu’on pouvait succéder à madame de Châteauroux, mais la rem­placer, jamais. L’estime, l’attachement que je portais à votre sœur, ajouta-t-il en s’adressant à la duchesse de Lauraguais, sera un éternel obstacle à la bienveillance de la marquise pour moi. Elle m’en veut des comparaisons que le roi fait sans doute, et voudrait éloigner de lui tous ceux qui peu­vent lui parler d’un si cruel et si noble souvenir.

— N’importe, dit la duchesse d’Aiguillon, il faut avoir l’air de croire à ses cajoleries, et accepter la paix qu’elle vous propose.

  1. La duchesse d’Aiguillon, née Chabot, mère du duc d’Aiguillon, qui fut ministre des affaires étrangères après la chute du duc de Choiseul.