Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/28

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La duchesse continue sa lecture :

« Le roi peut être également plus mal disposé un jour que l’autre ; mais je vous répète que l’impression donnée ne vient pas de moi… »

— Elle en a menti, dit madame d’Aiguillon, elle est pour peu dans les bonnes grâces du roi, mais elle est toujours pour beaucoup dans sa mauvaise humeur.

« Quant à la place que vous sollicitez pour votre protégé, je suis bien fâchée de m’étre trouvée en concurrence avec vous. Je l’avais demandée à d’Argenson pour un homme qui m’est recommandé depuis longtemps ; j’ignorais vos démarches, et je vous connaissais assez galant pour les femmes pour m’avoir sacrifié les vôtres, en apprenant que ma demande était plus ancienne. Ce n’est donc pas pour vous contrarier que je me suis trouvée en rivalité avec vous.

» Vous voyez que je suis bien aimable de me justifier, et que cela mérite au moins une belle lettre d’excuses de votre part. J’aimerais autant que vous vinssiez vous-même vous avouer coupable ; vous avez tant de grâce en parlant, qu’on n’a pas le courage de vous bouder longtemps. »

— Nous y voilà ! s’écria madame de Laurageais, c’est un raccommodement avec toutes ses dépendances qu’elle exige de vous. Cette femme-là ne demande qu’une occasion de tromper le roi.

— C’est possible, dit le maréchal, mais ce n’est pas moi qui la fournirai, je suis un sujet trop fidèle…

— Et trop prudent, j’espère, dit madame d’Aiguillon ; il y a bien peu de faveurs qui valent celle d’un roi.

— Ah ! ah ! voici qui nous regarde, dit madame de Lauraguais en jetant les yeux sur le dernier paragraphe.

« Vous avez une amie qui prend vos intérêts bien vivement ; il serait dangereux de vouloir vous combattre ; vous