Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trouvez trop de gens qui accourent pour vous défendre ; aussi je propose la paix aux plus légères apparences de la guerre[1].

 » Marquise de Pompadour. »

— Tout cela veut dire qu’on a besoin de vos services, ajouta la duchesse de Lauraguais, qu’on vous attend à Versailles pour vous confier une mission dont on vous croit seul capable, ou qu’il faut encore obtenir quelque chose des états de Languedoc. La marquise n’a pas l’habitude d’être si caressante pour rien.

— G’estla juger aussi par trop sévèrement, dit le maréchal, elle a tous les défauts d’une parvenue, j’en conviens, et l’on, ne peut s’attendre à rien de mieux de la part de mademoi selle Poisson ; mais, excepté le tort de rabaisser le roi à elle plutôt que de s’élever à lui, on n’a pas trop à murmu rer de son crédit ; elle a bonne volonté de l’employer au profit des gens de mérite, elle aime l’esprit, les talents.

— Oui… mais la gloire.

— Ah ! pour cela, elle n’y entend rien, et si le roi commande encore une fois ses armées en personne, ce n’est pas elle qui l’y décidera.

— Être indifférente à la gloire de celui qu’on aime ! s’écria madame de Lauraguais, mais c’est le trahir. Il faut être née d’un sang bien vil pour chercher à éteindre dans un noble cœur ce qui fait pardonner tant de fautes. Vous qui parlez, que seriez-vous, si par un miracle que je crois impossible, on éteignait en vous cette soif de gloire, cet amour des périls qui vous distinguent, même au milieu des plus braves de l’armée ? Vous ne seriez qu’un homme à bonnes fortunes, encore tout au plus, car les femmes ont besoin d’honorer celui qui les déshonore ! C’est notre orgueil pour votre courage, nos craintes pour vos dangers, qui portent notre

  1. Lettres autographes de madame de Pompadour au maréchal de Richelieu.