Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/35

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ladie de peau ; lui qui aimait tant à plaire, et qui plaisait encore tant à l’âge où les antres hommes renoncent à l’amour !

Pendant cette maladie, qui dura près de six mois, mademoiselle de Richelieu fut confiée par sa grand’tante à la supérieure du couvent de Montmartre, où elle se lia d’une amitié très-vive avec mademoiselle de Vibraye, qui devint par la suite dignitaire de cette abbaye.

Madame d’Aiguillon la venait chercher de temps en temps, non pas pour voir son père, car les volets de la chambre du malade étaient fermés de manière à ne pas laisser pénétrer le jour du côté où il se tenait, mais pour causer avec lui et l’aider à prendre patience.

De toutes les personnes qui se présentaient à l’hôtel de Richelieu pour savoir des nouvelles du maréchal, la comtesse de Brignolet, la marquise de Mauconseil, le maréchal de Bellisle et son fils étaient les seuls reçus par madame d’Aiguillon, encore n’était-ce que pour rapporter à son neveu les nouvelles de cour qui pouvaient l’intéresser.

Le jeune comte de Gisors était fort exact à rencontrer Septimanie chez son père, car une de ses parentes pensionnaire à l’abbaye des Dames de Montmartre l’instruisait des jours de sortie de mademoiselle de Richelieu ; et il ne manquait point à venir ces jours-là s’informer de l’état du malade ; il recueillait pendant toute la semaine les nouvelles politiques, les aventures piquantes, les caquets de cour qu’il savait devoir amuser le père de Septimanie, et faire ainsi tolérer ses fréquentes visites.

Avec quelle tendre émotion elles étaient attendues par Septimanie ! quel trouble charmant elles laissaient dans cette âme naïve… le souvenir de la mort de son amie, ses inquiétudes sur son père, tout était oublié quand Louis était près d’elle ; cependant il osait à peine lui adresser la parole ; ses regards ne se levaient que timidement sur elle ; il se cachait pour ramasser la fleur qu’elle avait laissé tomber, et lorsqu’elle lui parlait il restait quelquefois longtemps sans lui répondre, comme si le charme de cette voix angélique paralysait sa pensée ; mais son respect, son silence disaient mieux