Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/42

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gner les occasions d’accroître ou de maintenir votre crédit ? n’avez-vous pas merveilleusement concilié jusqu’à ce jour la dignité de votre rang avec la tolérance la plus grande pour une foule de choses que vous désapprouvez ? mais il est des sacrifiées inutiles. Quoique sa dot ne soit pas aussi belle que son nom, votre fille n’en est pas moins un des plus beaux partie de France ; et je suis sûre de vous trouver, quand il vous plaira, un gendre dont la naissance et la fortune seront dignes des nobles alliances de notre famille.

— Je vous rends grâce, ma chère tante, mais il est trop tard, je viens de m’engager…

— Quoi ! vous auriez promis Septimanie au maréchal de Belle-Isle pour son fils…

— Mais à peu près… et je ne m’en repens pas. Quand vous connaîtrez tous les avantages attachés à ce mariage, vous serez la première à l’approuver.

— Moi ! trouver bon que ma nièce s’appelle madame Fouquet… que le fat écureuil des Belle-Isle s’unisse à l’aigle des Guise ? non certes… et vous en êtes encore plus choqué que moi… car vous avez fait vos preuves en fait de sacrifices pour les nobles alliances, quand vous avez payé de toute votre fortune l’honneur d’épouser une princesse de la maison de Lorraine ; vous ne deviniez pas alors que la mort prématurée du frère de votre femme l’enrichirait sitôt. Vous aviez préféré sa pauvreté noble à tous les millions des simples héritières, donc il faut un motif très-impérieux pour vous mettre ainsi en contradiction avec les opinions et l’orgueil qui vous caractérisent. Je ne croirai jamais que les promesses très-hasardées d’un homme dont le crédit peut s’évanouir d’un instant à l’autre vous séduisent au point d’oublier ce que vous devez à la mémoire de la duchesse de Richelieu… Sa fille porter le nom de Fouquet !!… ah ! mon Dieu ! je suis sûre que son ombre en frémit…

— Je vous rends grâce de cette colère héraldique, ma chère tante ; mais comme vous le pensez fort justement, j’ai des raisons puissantes pour sacrifier certaines considérations à de beaucoup plus graves. Je n’ai pas l’habitude de traiter les