Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/61

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Alors, ayant fait ses adieux à la duchesse d’Aiguillon, il retint près de lui Septimanie, puis rappela son secrétaire pour lui faire ajouter quelques dispositions en faveur de ses gens, sur le testament qu’il venait de lui dicter.

— Oh ! mon Dieu ! dit Septimanie d’une voix tremblante, cette expédition est donc bien périlleuse ?

— Pas plus qu’une autre, répond le maréchal d’un air indifférent, car il n’est pas de siège où le commandant ne puisse attraper un boulet de canon. Mais comme j’ai promis de mener celui-ci à bien, il faut que j’y reste ou que j’en revienne vainqueur ? C’est un duel à mort avec l’armée anglaise.

— À mort ! répéta madame d’Egmont, pâle d’effroi.

— Oui, mon enfant, reprit le maréchal, attendri par l’émotion de sa fille, il faut que Mahon soit à nous avant peu ou que j’y meure, sous peine de passer pour un fanfaron, comme il plaît à la favorite de le dire ; c’est pourquoi j’ai voulu t’embrasser, et recevoir de toi l’assurance que tu ne m’en veux pas de t’avoir choisi un bonheur plus solide que celui que tu rêvais. Faisons la paix, Septimanie, ajouta-t-il en lui tendant la main.

Elle se jeta dans les bras de son père, et fondit en larmes.

— Oh ! que le ciel vous conserve à nous ! s’écria-t-elle.

— Il me conservera pour toi, reprit le maréchal avec le ton d’une vive confiance ; il le doit à ton courage, à cette bonté angélique qui me rend la force de tout braver. Oui, je te reverrai, tu seras fière de moi ; et le moment qui t’apprendra que je suis à Mahon, en dépit des canons anglais et de la cabale française, te fera, peut-être oublier tes chagrins.

En cet instant, le duc de Fronsac et le comte d’Egmont, qui devaient suivre le maréchal, vinrent prendre ses ordres. Pendant que le comte d’Egmont causait avec le maréchal, le duc de Fronsac trouva moyen de glisser dans ses adieux à sa sœur qu’il n’était pas venu plus tôt parce qu’il avait voulu passer lui-même chez le comte de Gisors, pour savoir des nouvelles de son inoculation.

— Eh bien, je l’avais prédit, ajouta-t-il, il a fait cent im-