Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/77

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bitions ; celle du clergé, aiguillonnée par les attaques des philosophes, combattait avec ses vieilles armes : le refus des sacrements aux mourants et l’excommunication.

À ces foudres de l’Église les parlements répondaient par des arrêts, des condamnations, des amendes, et faisaient brûler par le bourreau tous les écrits dans lesquels on lui contestait la juridiction. Le roi réprimandait et exilait les plus téméraires de chaque parti. Voltaire disait que dans ces troubles Louis XV était comme un père, occupé de séparer ses enfants qui se battent.

Cependant il fallait soutenir contre les Anglais, sur terre et sur mer, une guerre onéreuse ; il fallait continuer cette mé­morable fondation de l’École militaire, où devait s’élever le plus grand guerrier des temps modernes. Il fallait des secours de finances. Le parlement se rendait difficile sur l’enregistrement des édits, qui ordonnaient la perception des deux vingt-t­ièmes. Le roi décida qu’il tiendrait un lit de justice à Ver­sailles, où il convoquerait les princes, les pairs, avec le parlement de Paris.

Cette solennité ramena à Paris le maréchal de Belle-Isle ; son fils l’y suivit. Le duc de Richelieu fut le seul des maréchaux de France non convoqué. Madame de Lauraguais mit cette injure sur le compte du maréchal de Belle-Isle, à qui madame de Pompadour voulait sauver l’ennui de voir rendre à son rival tous les honneurs dus à la victoire.

Le jour même qui réunissait à Versailles tous les grands du royaume, madame de Lauraguais vint chez madame d’Eg­mont lui parler, avec toute la véhémence de son esprit pas­sionné, de l’insulte qu’on faisait au duc de Richelieu.

— Aidez-moi à le venger, dit-elle, il y aura jeu ce soir chez la reine, ne manquez pas d’y venir, et l’on verra à l’empres­sement dont vous serez l’objet, aux compliments qu’on vous adressera sur l’admirable conduite de votre père à quel point l’on est indigné de l’ingratitude de la cour envers lui.

C’est ainsi qu’elle persuada à Septimanie que sa présence à la cour était indispensable aux intérêts de la gloire du maré­chal de Richelieu.