Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/121

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son maître au moins autant que la phrase qu’elle répétait sans cesse. Aussi madame de la Tournelle chercha simplement à deviner par quel moyen on était parvenu à loger la cage et l’oiseau dans son boudoir, sans qu’aucun de ses gens l’eût su.

Pendant son séjour à Plaisance, une vieille gouvernante qui l’avait vue naître était restée seule gardienne de son appartement. Madame de la Tournelle la fit appeler ; après avoir juré sur son chapelet qu’elle n’avait laissé entrer personne chez sa maîtresse pendant tout le temps de sou absence, Marguerite ajouta :

— Car ou ne peut pas compter pour quelqu’un le sous-intendant des bâtiments, qui est venu hier avec ses ouvriers, un moment avant l’arrivée de madame ; c’était pour savoir si l’on avait l’ait les réparations commandées.

— Quelle tournure avait ce sous-intendant ?

— Mais, madame, il avait l’air d’un certain âge : c’est-à-dire qu’il avait la figure assez jeune, mais la tournure, la marche et la perruque d’un vieillard.

— Je crois le reconnaître, dit madame de la Tournelle.

— Au reste, je le voyais à peine, car le jour était à sa fin ; si bien même qu’il m’a priée fort poliment d’aller lui chercher de la Lumière pour ses ouvriers.

— Et ses ouvriers ne portaient-ils pas quelque chose ?

— Non, madame, ils n’avaient qu’un grand sac de toile grise, où étaient, je pense, leurs outils ; mais ils ne s’en sont pas servis, car, a peine ai-je été remontée, qu’ils m’ont saluée eu disant qu’il (’lait trop tard pour travailler à la cheminée du boudoir, mais qu’ils reviendraient bientôt.

— Cela suffit, ma bonne Marguerite, répondit madame de la Tournelle en étouffant la perruche sous la couverture pour l’empêcher de parler ; mais l’oiseau, que le bavardage de la vieille avait mis en train, se débattait de toutes ses forces pour attraper un peu d’air et placer ses trois mots.

— Ah ! mon Dieu ! qui est-ce qui est là, dit Marguerite en entendant sortir une voix du lit de sa maîtresse.

Et madame de la Tournelle, riant de l’étonnement de sa vieille gouvernante, comme elle avait ri de sa propre frayeur, se vit obligée de lui montrer la jolie perruche.

— Bonté divine ! s’écria Marguerite, c’est cette petite bête-là qui parle ainsi ? mais je la reconnais !… Oui c’est le même