Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/130

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Les domestiques de la marquise regardèrent celui-là d’un œil de dédain, et se demandèrent entre eux de quelle part pouvait venir un valet de pied si simplement vêtu. Ils furent très-étonnés lorsque mademoiselle Hébert vint lui dire qu’il pouvait entrer dans le salon.

Madame de la Tournelle fit un mouvement de surprise en levant les yeux sur le prétendu valet de pied : c’était le valet de chambre, le confident du roi, c’était Lebel lui-même.



XXV

UN BILLET.


« J’apprends l’indigne procédé de M. de Flavacourt, et ce qui s’est passé ce matin chez la reine. Je ne saurais tolérer qu’on vous calomnie, qu’on vous insulte à propos de moi. Il faut que je vous voie, il faut que votre raison vienne à mon secours, sinon je ne réponds pas de l’effet de mon ressentiment. Ne craignez rien d’un homme d’honneur qui vous aime trop pour vouloir vous offenser. Croyez à mon respect comme à mon adoration.

 » Louis. »

« Je n’ai voulu confier ce billet qu’à Lebel, dont la discrétion est à toute épreuve ; il vous dira que le souper des petits appartements est décommandé, que je dois me retirer aussitôt après le cercle de la reine, et qu’à moins d’un refus injurieux, je serai, accompagné de lui seul, à onze heures, à votre porte. »

Madame de la Tournelle resta les yeux fixés sur ce billet bien plus de temps qu’il n’en fallait pour le lire ; puis, se levant tout à coup, comme si elle prenait une décision d’où dépendît toute sa destinée, elle prit une plume et traça ce peu de mots :

« Sire, je me fie à votre honneur.

 » Marquise de la Tournelle. »