Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rement, car les apparences seraient contre moi ; mais il n’est plus temps de revenir sur cette démarche ; le roi veut me parler, j’ai moi-même à lui demander de s’opposer de toute son autorité au mariage qui désespère ma sœur, et j’ai promis de le recevoir ce soir… dans quelques instants.

— Le roi ? répéta mademoiselle Hébert stupéfaite d’étonnement.

— Oui, le roi, répliqua madame de la Tournelle sans témoigner de honte ni d’orgueil.

Et mademoiselle Hébert, rassurée par le calme consciencieux de sa maîtresse, ne vit plus dans cette démarche qu’un mystère important, mais qui ne pouvait faire naître de soupçons, puisque sa maîtresse en parlait sans rougir. Elle passa dans l’antichambre pour dire aux domestiques endormis autour du poêle d’aller se coucher ; puis, s’asseyant sur la banquette la plus rapprochée de la porte, elle écouta si les domestiques ne restaient point à causer dans le corridor.

Mais bientôt, il régna dans cette aile du château le plus parfait silence. Nul pas ne se fit entendre dans le corridor, et pourtant deux coups frappés à la porte avertirent peu de temps après mademoiselle Hébert qu’il fallait ouvrir.



XXVII

ENTRETIEN SECRET


Lebel entre seul, il demande si madame la marquise est visible, et, sur un signe affirmatif de mademoiselle Hébert, il sort et revient bientôt suivi d’un homme qui lui remet son manteau et passe dans le salon, sans se faire annoncer.

Là rien ne l’attend que celle dont le cœur bat avec tant de violence qu’elle ne peut proférer un mot. Les siéges dérangés pour la visite précédente n’ont pas été remis à leur place ; une table est couverte de petits ouvrages com-