Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/147

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Alors tout fut en activité dans l’appartement ; chaque domestique voulait que sa partie fût la mieux soignée ; l’un nettoyait les Lustres, les glaces, pour qu’ils eussent plus d’éclats ; l’autre essuyait les meubles et garnissait de fleurs les vases du Japon qui décoraient les consoles ; une table en jardinière venait d’être envoyée de Plaisance par M. Duverney ; elle était garnie des plus belles plantes qu’avait admirées madame de la Tournelle. Quelle charmante parure pour son salon, et que ce présent arrivait à propos ! Mais, de toutes les personnes que la visite du roi occupe, la plus animée, la plus vaine, la plus joyeuse, c’est la vieille Marguerite ; elle va de l’un à l’autre serviteur pour maintenir leur zèle, et parle à tous de l’honneur que le roi faisait à madame, à sa chère maîtresse qu’elle a élevée.

— Vraiment, dit-elle, le roi lui doit bien plus qu’à ses sœurs, elle dont la conduite a toujours été exemplaire : mais le bon Dieu est juste, et j’étais bien sûre qu’il récompenserait un jour cet ange de douceur et de charité ; puis elle ajoutait : Comtois, il faudra brosser votre habit neuf, mon ami, et vous soigner plus qu’à votre ordinaire, madame veut que vous soyez tous en grande livrée dès six heures dans l’antichambre : cette cage n’est pas faite pour rester dans le salon, il faut la porter dans le boudoir.

— Madame a défendu qu’on la changeât de place, répond Comtois.

— Ah !… c’est singulier, reprit Marguerite ; et, passant à d’autres soins, elle causait, grondait et riait en exerçant sa surveillance.

Mademoiselle Hébert n’était pas moins occupée de préparer à sa maîtresse une robe simple et élégante, garnie de nœuds de ruban d’une couleur douce qui devait s’harmoniser avec les cheveux et le teint de madame de la Tournelle. Celle-ci ne put s’empêcher de sourire en voyant tous les frais qu’on faisait ce jour-là chez elle, dans l’attente de ce même personnage pour lequel on n’avait pas, la veille, dérangé un fauteuil. — C’est qu’hier je recevais Louis XV, pensa-t-elle et qu’aujourd’hui j’attends le roi.

Aucun des invités ne manqua à cette petite réunion qui faisait déjà le sujet de toutes les conversations du château ; madame de Mailly, au premier bruit de cette démarche du roi avait fait demander M. de Meuse : il la trouva en larmes, et