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On passa dans la salle où était le petit théâtre ; le roi donna encore la main à la princesse de la Uoche-sur-Yon, el il se trouva placé, de même qu’à table, entre elle et madame de la Tonrnelle.



XXXVII

L’ESCAMOTEUR.


Le vaudeville bien joué, bien écouté, fut très-applaudi : madame de Chevreuse, qui l’avait vu déjà représenter à Sceaux, chez la duchesse du Maine, remarqua, avec son inconséquence habituelle, qu’on en avait élagué toutes les plaisanteries trop lestes, et que cette pruderie affadissait beaucoup l’ouvrage : à ce propos encourageant, le roi lui promit de le faire jouer une autre fois pour elle dans toute sa gaieté primitive ; alors il s’établit entre eux une conversation que madame de Tournelle ne pouvait s’empêcher d’entendre, car elle se passait presque sur ses épaules, ayant le roi à gauche et la duchesse à sa droite. Ce qu’on redoute parait toujours certain : madame de la Tournelle croit reconnaître dans les discours du roi un vif désir de plaire à la duchesse, son malaise redouble. Se sentant près de succomber à ce qu’elle éprouve, elle veut se dérober à l’observation ennemie, et dit tout bas d’une voix altérée :

— Sire, permettez que je me retire, que je cède ma place à madame de Chevreuse.

— Eh ! pourquoi cela, madame ?

— Parce que je me sens mourir… que mon courage est épuisé…

— Vous, madame, vous si forte contre le malheur de celui…

Puis, s’interrompant en voyant le mouvement que madame de la Tournelle fait pour se lever, il la retient par sa robe en ajoutant :

— Au nom du ciel, restez… songez à ce qu’on dirait, vous qui redoutez tant les jugements du monde !