Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA PRINCESSE.

Elle nous suit.

Alors tous les yeux se tournèrent du côté de la porte par laquelle la princesse était venue. Bien’ôt les deux sœurs entrèrent, madame de Flavacourt avait un bouquet de violettes entourées du lilas blanc, celui de madame de la Tournelle était composé de roses et d’héliotropes ; au même instant le cabinet du roi s’ouvrit.

LE ROI, au marquis de Meuse.

Faites savoir au cardinal de Tencin, au contrôleur des finances et à M. Duverney, que je les attends ici avant l’heure du dîner. (En saluant les dames.) En vérité le ciel nous favorise, mesdames ; plus de nuages, un soleil de printemps ; fut-il jamais de plus belle journée !…

À ces mots prononcés avec feu, on vit un visage charmant se couvrir d’une rougeur subite.

LE DUC DE GÈVRES, au marquis de Croissy en lui montrant le roi.

Voyez donc comme il est animé ! quel sourire !… que de joie dans sesyeux !…il ne lui dit rien, et pourtant il ne parle que pour elle. (Bas au comte de Coigny.) Va, mon cher, tu peux dormir tranquille, ta petite duchesse ne régnera pas.



XXXIX

LA MATINÉE DU LENDEMAIN


Le bac de Choisy transporta les équipages sur l’autre rive de la Seine. Les femmes montèrent dans la barque du roi dont les mariniers, parés de toutes couleurs flottant sur leurs chapeaux. Un mât sans voiles était surmonté d’un pavillon blanc aux trois fleurs de lis Les bancs, l’intérieur de la barque, étaient recouverts de velours nacarat ; un canapé circulaire en occupait la partie supérieure. Le roi y fit asseoir la princesse, madame de Ruffec et madame de la Tournelle ; puis il vint si ; placer en face, du côté des rameurs, et dit en plaisantant qu’il voulait surveiller la manœuvre. Le duc d’Aven et le comte de Goigny furent les seuls admis dans la barque royale ; le reste de la cour suivait dans des ba-